vendredi 31 octobre 2008

Publications... 1/2/3/4

Ceci est uniquement pour mémoire.
Juste... en fait parce que je ne veux pas perdre la mémoire de ce moment, quelquechose que j'ai écris il y a longtemps, mais que je veux rendre pérenne., parce que ce fut un moment terrible et digne ...
Et si quelqu'un en est touché... tant mieux. "Elle" le méritait.



1- La Mort dans le Sang...

On perd un être cher...Et tout est dépeuplé. Tellement vrai...

J'ai une amie de 30 ans, une magnifique femme. Grande, blonde,
pleine d'esprit, un sens de l'humour fabuleux, des formes sublimes, un
sourire à vous faire fondre sur place, et des lèvres qui feraient
passer la douceur des pétales d'une rose pour du vulgaire papier
abrasif. Aaaaah... la douceur de ses lèvres...

J'ai la chance d'être parmi les rares qui ont passé du temps au
creux de ses bras, de ses pensées, à faire l'amour avec elle, à
partager sa vie.

Elle a été emportée ce matin par une leucémie aiguë foudroyante.

Elle n'avait même pas atteint la fleur de l'âge. Elle avait de ces
beautés qui semblent éternelles, un caractère et une force naturelle
qui vous font penser que cette personne, elle est invulnérable, que
même le temps ne peut rien contre elle.

Le temps ne pouvait effectivement rien contre elle, alors il l'a
tuée de l'intérieur, par ce fluide de vie qui coulait dans ses veines.

A 30 ans.

En 2 semaines.

Je l'enterre jeudi.

Repose en paix Sophie.


2/ Attendre un enterrement.

C'est terrible. La peine de perdre quelqu'un qu'on aime n'est pas suffisante. Il faut encore l'enterrer.
Cette attente est insupportable. Je regarde l'heure toutes les 10 minutes... Et pourtant, l'enterrement n'est que demain matin.

Hier soir une envie irrépressible de me prendre une bouteille
d'alcool, de me mettre une mine et de tout oublier. Mais pour quoi ? Se
réveiller ce matin avec une gueule de bois faramineuse et la douleur
toujours là ?

Du coup, je ne me suis rien servi du tout.

C'est fou comme la tristesse fait perdre le goût à tout. Ni envie
de manger, ni de regarder la télé, ni de faire quoi que ce soit.

Ce que j'écris même me semble d'une banalité fade et insipide.

Et pourtant je l'écris.

L'écriture est peut-être salvatrice. Au même titre que d'autres peignent, hurlent ou dévorent des quantités énormes.

On arriverait presque à vouloir que le monde s'arrête de tourner...
tout en sachant qu'il faut quand même continuer d'avancer et qu'on n'a
pas le choix de toute façon.


3/ L'espoir contre la Mort.

Pas envie de rester sur cette note atrocement malheureuse. Je suis quelqu'un qui espère.


J'ai la force de passer mettre des petits mots sur les guestbooks
et les blogs que je rencontre au cours de mes pérégrinations sur [divers sites], cela montre bien que la nature humaine, ou la mienne en tout cas, est désespérément optimiste...

Je n'ai pas moins mal, mais je peux canaliser la douleur...

Vivement demain. Ou plutôt non, vivement que j'accepte sa mort et
que je fasse mon deuil. Demain ne m'apportera aucun soulagement. Je le
sais bien.

Je vais vous livrer une des réflexions que j'ai eue depuis que
j'ai appris sa mort. J'ai hésité avant de l'écrire, mais finalement, je
me suis dit que d'autres peuvent trouver quelque réconfort dans cette
pensée. Je ne suis pas seul à ressentir cette peine.

Tout est parti de "Pourquoi suis-je aussi triste ?"... Parce que
j'ai aimé cette femme, parce que nous avons partagé nos vies, nos
joies, nos peines, nos rires, nos corps aussi, et que je ne peux
revenir dessus. Je ne la reverrai jamais.

Mais il y a quelque chose qui ne disparaitra pas. C'est le fait
que je l'ai aimée, que j'ai partagé tant de choses avec elle, et que
c'était bien.

Certaines cultures organisent une vraie grande fête lors de leurs
cérémonies funèbres. Nous, nous pleurons nos morts, et nous déprimons,
en s'enfonçant dans une spirale de douleur et de tristesse.

La manière de porter le deuil est-elle donc uniquement liée à
notre culture ? Oui. Elle a hérité de son passé religieux. Encore une
chose que je lui reproche.

Ma chère amie, que ton souvenir me berce plutôt qu'il ne me hante, et que ton visage souriant m'apaise plutôt qu'il m'aigrisse.

Repose en paix, Sophie.


4/ Adieux non conformes.

Enterrer quelqu'un. C'est une démarche qui a quelquechose de définitif.
On le refuse de tout son corps, de tout son esprit, mais on le fait
quand même, mécaniquement.

Chacun de mes muscles me hurlait de fuir, de ne pas regarder, de ne pas accepter.

Et pourtant on reste. Aussi dignes que possible. Les yeux rouges et
humides. Un poignard de glace qui se tourne et se retourne dans le coeur.

A écouter le blabla d'un curé dont on n'a que faire, qui déblatère ses conneries sur un autre monde, un monde meilleur, qui nous attend.
Meilleur en quoi ? Qui nous attend ? Mais je me fous royalement du futur ! Je vis dans le présent, pas dans le futur. Je veux pas attendre un monde meilleur, je veux faire tout pour qu'il soit déjà meilleur maintenant ! Pas dans 10 ans...

Elle était merveilleusement belle dans son cercueil.

Ils lui avaient mis cette magnifique robe noire fendue sur le coté. Ca m'a retourné ...

Cette robe, elle l'avait acheté exprès pour notre premier soir rien qu'à nous. Je me rappelle qu'on avait plaisanté plusieurs fois sur la manière dont on devait s'habiller pour cette occasion.
Elle s'était achetée alors cette robe. Elle lui allait comme un gant, relevait ses formes et laissait entrevoir la finesse et le grain de ses jambes. Un décolleté décent moulait à merveille sa belle poitrine.

Elle était juste un peu plus livide, on aurait pu croire qu'elle dormait, et qu'une mauvaise lumière l'éclairait.
Son visage était paisible.

J'ai eu une envie folle de la prendre dans mes bras et de lui donner un dernier baiser.

Alors j'ai fait un truc qui m'a valu des dizaine de regards foudroyants. Je suis monté sur la marche à côté du cercueil. J'ai allongé mon bras, et j'ai caressé sa joue et ses lèvres. Elles avaient toujours cette douceur sublime.

J'en avais rien à foutre du regard des gens. Rien. Tout ce qui comptait pour moi c'était ces secondes, ces dixièmes de secondes pendant lesquels ma main et mes doigts ont pu effleurer une dernière fois quelqu'un qui avait compté pour moi.

Sa mère, elle, m'a sourit. Elle a compris mon geste.

Le cercueil s'est refermé, le curé a fini de nous sortir ses inepties, et il a fallu partir pour le cimetière.
Et là, le défilé avec chacun qui balance une pelletée de terre dans le trou, en faisant un bruit de cailloux sur du bois. C'est horrible.

Hors de question que je fasse ça. Alors quand ça a été mon tour, j'ai laissé tomber sur le cercueil une photo de nous deux que j'avais encore. Une photo qu'on avait prise chez elle, allongés sur son canapé, dans les bras l'un de l'autre. Une photo de notre attachement l'un à
l'autre.

Où que tu sois, merveilleuse amie, je te donne ce souvenir inaltérable pour que tu te souviennes aussi de moi.

J'ai pas attendu la fin. Pour moi, je n'avais plus rien à faire avec tout ceux qui étaient là. J'ai fait un signe de tête à sa mère et je suis parti.

Repose en paix ma Sophie.


Je suis rentré, et je me suis servi un whisky, de ceux que je réserve pour les grandes occasions, un Knockando 1982.

J'ai pleuré sans bruit pendant une heure. Ca m'a fait du bien.

Et je suis reparti au taff.

Je sais c'est indécent, je me choque moi-même, mais là depuis que
je suis rentré du cimetière, j'ai une ENOOOOOOOOORME envie de sexe.
Plein de pensées bouillantes qui me vrillent la tête. Pas envie de
grand amour cette après-midi. Juste de sexe. Mordant et brûlant. de
gémissements, de hurlements et d'orgasmes partagés. Mmmmh...

Et de tendresse. De beaucoup de tendresse en forme de pommade pour cicatriser plus vite ...

Je crois que je vais aller me cryogéniser 10 ou 20 ans histoire de me calmer...

1 commentaire:

Bart Macleod a dit…

je te comprend. Vraiment. quand Jade est morte. j'ai vu le sol ce vider sous mes pieds. Surtout a la morgue. La cremation reste penible mais moins longue qu'un enterrement. Surtout quand tu dois tout organiser et envoyer ses cendres dans la baie d'Along. Toutes mes condoleances mon ty pere