lundi 26 février 2007

Tant de blogs abandonnés...

200 millions. C'est le nombre.
Attendez, que je vous l'écrive entièrement, pour que vous vous rendiez bien compte: 200 000 000.
Il y a 200 000 000 de blogs abandonnés sur la toile.

Non, c'est pas un billet pour dire "adoptez un blog abandonné". Un blog se s'apprivoise pas. Un blog ne se domestique pas. Il est impérieux, sauvage, enflammé, incontrôlable ou sage, réfléchi, tendre, doux et posé. Mais il EST.
C'est pour cela que tant de gens les abandonnent, cela prend du temps de s'en occuper, de le nourrir, de le nettoyer, de le modeler.
Si vous prenez un blog, il FAUT le faire vivre. Au risque que ce soit sinon votre âme qui périsse, votre esprit qui flétrisse, votre passion qui s'assèche, votre acuité qui s'émousse, votre valeur qui s'effrite.
Un blog, c'est un bout de soi.
C'est un peu un "journal intime" mais qui laisse à tous la possibilité d'entrer en votre intimité. Avec votre complet et explicite accord.
Un blog, vous pouvez y déverser tous vos sentiments. Il vous écoutera en silence et vous vous sentirez mieux.
"Ce qui est dehors n'est plus dedans". Oui, c'est une La Palissade. Et pourtant, psychologiquement, elle a tout son sens.
Tout ce qui vous aigrit de l'intérieur, externalisez-le. Crevez l'abcès jusqu'au fond de vos chairs et laissez son infâme purulence juteuse s'écouler doucement dans ce frais cataplasme salvateur. Vous en cicatriserez plus vite et mieux.
Un blog, c'est aussi ces bornes qu'on rencontre encore sur ces vieilles routes de France. Une marque qu'on pose à l'endroit d'un souvenir. Dans la matière érodée par le temps, on pourrait presque encore y lire : "Route de Ma Mémoire. Souvenir 0,7 km".
Et c'est impressionnant de se ballader ainsi sur les routes de ses souvenirs, il y a sans arrêt des détails qui nous avaient échappé et que l'on retrouve avec ravissement ou peine.
Un blog, c'est un endroit où on peut se retrouver soi-même, dans le silence ou la turbulence de son esprit. Ce lieu qui permet de souffler devrait être obligatoire. Ma boîte a fermé l'accès aux site Facebox cette semaine (mais je n'ai pas dit mon dernier mot, héhé!!).
"Je reviendrai", qu'il disait, l'autre grand baraqué...

Voilà... si vous créez un blog, ne lui donnez pas à manger des inepties, des nullités ou des conneries, c'est pas bon pour leur niveau d'intelligence, et en plus ça leur file une chiasse terrible. Ca devient alors ... ben oui, des blogs de merde...
Non, votre blog, nourrissez-le de bonnes choses, et vous le verrez avec ravissement s'épanouir et vous rendre mille fois plus fortement toute l'émotion, les sentiments et la vie que vous lui aurez donné. Aimez votre blog.
Ne l'abandonnez pas.

mercredi 14 février 2007

Fête des amoureux ? Où ça ?

La Saint-Valentin...
Fête des amoureux ? Fête des heureux ?
Non, ce serait plutôt "Faites des Euros" et accessoirement "Donnez-les nous"...
A quoi se résume aujourd'hui cet événement ?
A une vaste campagne commerciale pour les fleurs, les bijoux, les voyages, le high-tech, les promotions spéciales, du rose partout bordé de coeurs pour attirer les portefeuilles bien ouverts afin de les délester un maximum dans tous les magasins débordant du réassort (avec réajustement des prix, bien évidemment...) consécutif à cette intéressante période où l'être humain (et humaine surtout) revit la guerre du feu, hormis que l'enjeu n'est pas le feu mais "ce si joli petit haut" ou "ce pantacourt un peu moulant qui me souligne si bien les fesses"... j'ai nommé bien sûr les soldes.
N'avez vous jamais remarqué à quel point le remplissage soudain des rayons suite à ces semaines de folie dépensière amène directement à la Saint Valentin ?
Ces derniers jours, j'entends de plus en plus "Si vous n'offrez pas un bijoux/des fleurs/un cadeau à votre chéri(e), vous méritez qu'il/elle vous quitte !".
C'est quoi ça ? En d'autres termes, c'est simple, achetez quelquechose ou il/elle va rompre. On met la pression des deux côtés...
Je refuse de marcher là-dedans. Et heureusement, je ne suis pas le seul, je vois et j'entends beaucoup de monde autour de moi contester le bien fondé de cette date (et c'est peu dire).
Pourquoi une fête pour les amoureux ? Normalement, des amoureux, s'ils le sont vraiment, doivent tout faire pour que chaque jour se passe au mieux, pour se re-séduire, et avoir la joie de s'aimer au quotidien...
D'où a-t-on le droit de me dicter ce que je dois faire ou ne pas faire, célibataire ou en couple ?

Et les célibataires ? Ils ont leur fête quand ? Allez Monsieur Lang, sautez sur l'occasion !! (les mauvaises langues diront que si l'occasion est jeune et plutôt bien musclé -qui a pensé membré ?!!-, il sautera encore plus vite dessus...)
Une fête pour les célibataires ! Avec obligation de s'acheter un cadeau ! Avec un seuil minimum du prix d'achat ! Majoré de 10% qui seront reversés à l'Etat pour participer au rem-bourrage du trou de la sécurité sociale (que les esprits tournés et mal tordus n'y voient aucune allusion graveleuse... quoique !) ...

Laissez-moi vous raconter l'image d'une vraie Saint-Valentin. Elle fait partie de mes souvenirs intimes, pardonnez-moi de me dévoiler ainsi.
Nous sommes en 1993, le dimanche 14 février. Une femme de 79 ans, gravement malade depuis plusieurs mois, passe ses derniers mois en famille. Son mari, 85 ans, un homme dur mais juste, habite lui en appartement. Mais ce jour-ci, il a décidé de passer la journée en famille. Je me souviens encore le regarder arriver derrière sa femme, poser ses mains sur ses yeux et se pencher vers elle. "Bonjour ma chérie...".
Je la revois tourner la tête, le sourire émerveillé et les yeux toujours amoureux transfigurant son visage buriné par le temps, ridé par les soucis, creusé par la vie.
C'est le baiser le plus tendre que j'aie vu.

Ce fut la dernière Saint Valentin de ma grand-mère.

Alors oui, la Saint Valentin peut avoir un sens. Mais pas celui qui s'étale visqueusement sous les yeux bovins de la masse cloaqueuse des consommateurs effrénés.
A vous de choisir de faire partie du troupeau panurgien ou non...